En 230 ans, notre commune a connu 20 maires, le 21ème ayant été élu en mai dernier. La fonction de maire a beaucoup évolué pendant cette période comme nous allons le voir ci-dessous, et là comme ailleurs, elle n’a pas souvent été un long fleuve tranquille pour les hommes qui l’ont occupée (il n’y a pas encore eu de femmes à ce poste).
Les informations ci-dessous concernant notre commune proviennent principalement des délibérations du conseil municipal.
Le 1er maire (à l’époque « mer », ou « mair », selon les écrits) est René BRIANS ; il a été élu le 15 février 1790 par l’assemblée des citoyens « actifs », laquelle a élu ensuite 5 autres conseillers (« officiers municipaux »), puis un conseil de 12 « notables ». C’était la première élection après la constitution des communes décidée le 14 décembre 1789 par l’Assemblée constituante ; elle s’est déroulée sur 2 jours (il faut dire que c’était la 1ère fois que les citoyens votaient, et qu’il y avait un vote pour chaque poste) !
Les électeurs
Si aujourd’hui, tous les citoyens âgés de plus de 18 ans ont le droit de vote, il n’en a pas toujours été ainsi. En 1790, seuls les « citoyens actifs » pouvaient voter ; pour bénéficier de cette appellation, il fallait être un homme de plus de 25 ans et payer un impôt direct au moins égal à 3 jours de travail – 10 jours pour être éligible (suffrage censitaire ).
La première liste d’électeurs comprenait 99 hommes pour une population de 646 « âmes ». 80 sont venus voter le 1er jour (matin et après-midi), et 60 sont revenus le lendemain. Il faudra attendre 1848 pour que le suffrage devienne universel, mais seulement pour les hommes de plus de 21 ans (25 ans pour être éligible), et … 1944 pour que les femmes aient aussi le droit de vote. En 1974, le droit de vote passe de 21 à 18 ans
Les maires n’ont pas toujours été élus
Les maires ont été élus directement par les citoyens actifs de 1790 à 1795 ; puis de 1795 à 1799, il n’y a plus de maires, mais dans chaque commune un « agent municipal », suite à la mise en place des « municipalités cantonales » (une communauté de communes, dirait-on aujourd’hui).
Retour des maires dans chaque commune en 1800, mais ils sont alors nommés par le préfet, certaines fois en entérinant une élection. Sous la 2ème République (1848 – 1852), les maires sont élus par le conseil municipal. Mais, sous le Second Empire, ils sont à nouveau nommés par le préfet.
A partir de 1870 (début de la 3ème République), les maires sont élus par le conseil municipal.
Lorsque le maire était nommé par le préfet, il devait prononcer un serment de fidélité au roi ou à l’empereur, selon les périodes.
Ainsi, Jean Laurent nommé maire en 1813 a juré fidélité à l’Empereur Napoléon 1er, puis fidélité au Roi Louis XVIII le 12 octobre 1814 ; le 29 avril 1815, il jurait fidélité à nouveau à l’Empereur, serment renouvelé le 18 juin … jour de la bataille de Waterloo ! Quelques mois plus tard, son successeur, Marin Derouineau jurait fidélité au Roi.
20 maires en 230 ans
Au début, le maire était élu pour 2 ans et ne pouvait pas se représenter immédiatement. Depuis que les maires sont élus par le conseil municipal, la durée de leur mandat est la même que celle du conseil.
Saint Corneille a connu 2 maires au 18ème siècle : René Brians remplacé fin 1792 par René Cruchet ; ensuite, jusqu’en 1800, la commune faisait partie de la « municipalité cantonale » de Savigné l’Evêque.
La durée moyenne des fonctions de maire depuis 230 ans est de 11 ans environ, donc presque 2 mandats de la durée actuelle (6 ans).
3 maires ont été en fonction pendant 24 ans ou plus : Bernard de Wildenberg (26 ans), Patrick Gaudré (25 ans), Alfred Haëntjens (24 ans).
Si ce dernier n’était pas décédé en activité, à 60 ans, il aurait vraisemblablement détenu le record. Il a été remplacé par son gendre (Adelon), puis un beau-frère (Legendre), et quelques années plus tard son fils ; au total, la famille Haëntjens (basée à la Perrigne) a tenu les rênes de la commune pendant 55 ans.
Avec Bernard de Wildenberg et René Ragot (fermier), les habitants de la Perrigne ont exercé la fonction pendant 101 ans.
Le plus jeune maire de Saint Corneille est Marcel Haëntjens élu à 27 ans ; il est décédé en fonction après 19 ans d’activité. Il détient une autre particularité : il est le seul maire de Saint Corneille à avoir concouru aux Jeux Olympiques, en 1900, en équitation et … croquet !
Les maires les plus âgés lors de leur élection à ce poste l’ont été à 67 ans : notre maire actuel Michel Pré, et Louis Quentin qui a été le maire le plus âgé, ayant quitté à 79 ans.
4 maires sont décédés en activité : Haëntjens père et fils, Joseph Després et Clément Hamelin.
2 maires ont démissionné : Marin Derouineau et René Picouleau.
Un maire, François Hamelin, a perdu son poste suite à la dissolution du conseil municipal, suivie d’une nouvelle élection, en 1923. A l’origine, un conflit au sein du conseil à propos de l’emplacement du futur monument aux Morts où 6 conseillers s’opposaient aux 6 autres.
2 conseillers municipaux ont été élus maire au 1er tour, mais ont refusé le poste : Ernest Carré en 1923 (qui sera adjoint, puis maire en 1945), et Georges Froger en 1953 (qui sera longtemps 1er adjoint).
Les adjoints
Pendant très longtemps, on parlait de l’adjoint, car il n’y en avait qu’un. Un deuxième a été élu à partir de 1929.
A quelques périodes, les adjoints ont fait fonction de maire ou ont largement suppléé des maires souvent absents.
Il y a eu 2 longues périodes sans maire où l’adjoint était le maire de fait : ce fut le cas en 1837, et pendant 3 ans, pour Nicolas Cosnard, puis en 1915, pendant 4 ans (guerre) pour François Chambrier.
Ces 2 adjoints méritent d’être cités, car ils ont joué un rôle dépassant ce qui vient d’être dit.
Nicolas Cosnard a été l’adjoint de 5 maires de 1826 à fin 1840 ; et peut-être espérait-il devenir maire en 1840 à la place du 5ème après son intérim, car bien vite il n’est plus venu aux réunions ?
François Chambrier, lui, a été maire de 1889 à 1896, mais n’a semble-t-il pas apprécié d’être remplacé par Marcel Haëntjens en 1896 ; alors élu adjoint au 1er tour, il a refusé le poste. Cependant, en 1908, il accepte de devenir l’adjoint et fera fonction de maire après le décès de M. Haëntjens en 1915.
Un autre adjoint, Victor Vallée, a été amené à souvent remplacer 3 des 4 maires qu’il a connus. Il a souvent présidé les séances du conseil municipal et assuré le fonctionnement de la commune en l’absence d’Alfred Haëntjens, très occupé par ses fonctions de député, conseiller général et homme d’affaires. Il en fut de même avec les deux autres maires qui ont suivi et qui habitaient Paris. Il fut ainsi l’adjoint de 1871 à 1892.
Si Alfred Haëntjens n’était pas toujours présent physiquement à Saint Corneille, il l’a été financièrement de façon importante en participant au financement des investissements qu’il a fait faire à notre commune : restauration et agrandissement de l’église et du presbytère, construction des écoles, déplacement du cimetière, création de la rue Neuve, chemins, etc. A plusieurs reprises, sa famille a fait des legs à la commune. Estimation personnelle : Alfred Haëntjens a financé près de un tiers des investissements de la commune pendant qu’il a été maire.
Rédacteur : Gilbert PAULIN